Chapitre 1 : Ça sent bon ici.

Bienvenue dans ce premier chapitre de Perfume For Dummies. 

Un guide aussi simple que l’anglais, cette langue bête qui dit “smell” pour sentir et puer. Une nouvelle série de vulgarisation olfactive pour toutes celles et ceux qui veulent enfin comprendre la parfumerie simplement, rapidement, sans master en chimie ni stage chez Givaudan. Un journal pour mes néophytes curieux, mes nez en devenir, et mes amoureux de tout ce qui sent bon.

Ici, pas de snobisme, pas de jargon fumeux, ni de sempiternelle revue sur le dernier jus à la mode. Juste une série d’articles pour remettre un peu de clarté dans un univers qui adore l’opacité.

Pourquoi me direz-vous? Parce que la parfumerie est un monde qui adore cultiver le secret. Un monde d’initiés, saturé de storytelling creux, d’images figées et de mots compliqués.

Ma volonté première ici, c’est démystifier, et vous rendre accessible cet univers, pas pour que vous deveniez parfumeurs en trois articles, mais que vous ne soyez plus dépassés quand vous entendez des concepts hasardeux comme “les essences précieuses cueillies à l’aube”, “sensualité boisée”, ou encore “signature olfactive”. 

Et parce que le parfum n’est pas juste une affaire de goût. C’est un langage, une science, un outil culturel, émotionnel, politique.

Le parfum ne se résume pas à “sentir bon”. Il raconte des histoires, façonne des souvenirs, influence des comportements. Il s’infiltre partout: dans nos désirs, nos mémoires, nos identités.

Alors oui, on va parler de senteurs. Mais on va aussi parler de neurosciences, de marketing, et d’imaginaire collectif. On va décortiquer les mots, les mythes, les stratégies. Comprendre pourquoi on vous vend un flacon comme une expérience. Pourquoi certaines odeurs vous obsèdent. Pourquoi d’autres vous révulsent.

Voyez Perfume for Dummies comme un “anti-manuel”, pas pour détruire la parfumerie, mais pour mieux la lire, la comprendre, et surtout la sentir.

Et pour commencer, impossible de parler de parfum sans parler du sens qui rend tout cet univers possible: l’odorat. Ce sens étrange, intime, invisible, et pourtant celui qui nous gouverne en silence.

Qu’est-ce que l’odorat?

Quand on parle des cinq sens, l’odorat arrive souvent bon dernier. Et à juste titre, c’est le sens discret, celui qu’on ne comprend pas, qu’on ne sait pas décrire, qu’on réduit à “ça sent bon” ou “ça pue”. Pourtant, c’est le sens le plus fondamental, directement lié à notre mémoire, nos émotions, et notre identité.

Les anciens pensaient déjà que le nez était le portail de l’âme, et très franchement ils y étaient presque. L’odorat est ce que l’on pourrait appeler une porte directe vers le cerveau.

Le fonctionnement de celui-ci repose sur un mécanisme simple, mais sophistiqué. (cf. petit schéma explicatif des familles pour que vous puissiez visualiser le trajet d’une odeur) 

Quand vous sentez une odeur, des molécules odorantes passent donc par le nez et atteignent une zone spécialisée située au fond des cavités nasales: l’épithélium olfactif

Cette zone est tapissée de neurones sensoriels, chacun capable de détecter certains types de molécules, un peu comme des serrures qui attendent leur clé.

Donc, une fois l’odeur perçue, l’information est transmise au bulbe olfactif qui est situé juste au-dessus de la cavité nasale. 

Et c’est là que se produit quelque chose d’unique contrairement aux autres sens. Le signal olfactif devient Max Verstappen. Il ne transite pas par le thalamus, ce “centre de tri” dans le cerveau qui traite la majorité des informations sensorielles et filtre ce que l’on perçoit, mais va immédiatement au système limbique, qui est la zone du cerveau qui gère les émotions, les instincts et les souvenirs.

Trajet d’une odeur.

En bref, une odeur n’a pas votre time, ni le mien. Elle nous percute avant même qu’on ait le temps de la nommer ou de la comprendre. Elle s’impose, directe, viscérale. On aime, on déteste, on est apaisé, complètement retourné, et très souvent sans la moindre explication. Et ça les amis, c’est la magie et le chaos de l’odorat. 

Ce lien direct odorat / système limbique ne fait pas qu’agiter nos cervelles: il permet aux odeurs de déterrer des souvenirs qu’on pensait à jamais oubliés. 

Là où une image ou un son suggère, une odeur ressuscite: l’émotion, le lieu, la scène, la version de vous que vous aviez oubliée. Une vraie machine à remonter le temps, sans bouton pause. 

Voilà, maintenant que vous savez comment vos nez fonctionnent, félicitations, vous avez déjà plus de connaissances que les 3/4 des influenceurs parfums. 

Nous on se retrouve bientôt pour parler de madeleines, et pas celles qu’on déguste.

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